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16 juillet 2010 5 16 /07 /juillet /2010 15:38

Les Vestiges du jour de Kazuo Ishiguro.

  • Yvette a vu dans ce livre une sorte de psychodrame qui met en scène un personnage particulièrement brimé car enfermé dans sa fonction de majordome au point de passer à côté du bonheur ; c’est le drame d’une vie avortée.
  •  Monique a lu le livre avec en tête les personnages du film. Dans le livre toutefois Stevens, le personnage principal, s’exprime dans un monologue intérieur plaçant ainsi le lecteur dans la position d’une sorte de psychanalyste à l’écoute de souvenirs très révélateurs de son état de « servitude volontaire ». Victime de son éducation, de son époque et de son milieu, il vit dans le déni. Pour lui, aucun échec affectif, mais la fierté de s’être toujours comporté avec dignité. Elle fait le rapprochement avec les cadres d’entreprises parfaitement formatés : autre époque mais même aliénation.
  • Claudine H. a aimé le livre mais a détesté le majordome : elle considère qu’il triche avec ses sentiments et qu’il n’évolue pas. 
  •  Françoise M. a été sensible à la mise en évidence d’un travail sans conscience, effectué par des gens qui se réfugient derrière les ordres reçus pour ne pas se mouiller et assumer leurs responsabilités.
  • Bernard a lu le livre comme s’il voyait une pièce de théâtre et le personnage de Stevens lui apparaît irrémédiablement comme un larbin victime de son hérédité. Il pense que dans les hautes sphères de notre société on trouve encore ce cas de figure.
  •  Mireille a lu dans ce livre une critique sociale, l’analyse de la soumission totale qui conduit à la servitude. Elle a vu dans le majordome, un grand névrosé –pour le moins- sans libido, transparent, au surmoi démesuré. Son inhumanité réside dans la confusion entre vie professionnelle et vie tout court. Elle fait le rapprochement avec un autre ouvrage de l’auteur, traitant de ce thème de l’inégalité : Auprès de moi toujours. Il y est question de jeunes gens élevés pour donner leurs organes, comble de l’horreur sociale.
  • Quant à Françoise D. qui a vécu longtemps en Angleterre, elle a retrouvé dans ce livre les valeurs désuètes de la perfide Albion confite dans ses traditions ! Elle souligne la sensibilité très british de l’auteur qui quoique d’origine japonaise est arrivé en Angleterre à l’âge de 5 ans.
  • Maïté : l’auteur s’attache à montrer les ressorts de l’aliénation sociale à travers un personnage exemplaire dans sa fonction. Il n’est pas un simple serviteur mais le garant d’un ordre social, l’ordonnateur des fastes d’une maison aristocratique, le gardien du temple en quelque sorte, mais d’un temple qui se fissure et qui est passé aux mains d’un Américain. La mort de son père et la non-déclaration de Miss Kenton sont pour lui ses deux triomphes, alors que pour nous ils signent le ratage complet de sa vie.
  • Ensuite Georges a mis en parallèle les sociétés anglaise et japonaise qui présentent des similitudes quant au formalisme et aux rituels : fidélité des samouraïs à l’égard du mikado, fidélité de l’armée britannique à l’égard de la Couronne relèvent d’un même état d’esprit, l’obéissance aveugle qui est l’honneur, la dignité du bon serviteur. On ne remet pas en cause les motivations du maître, chacun reste à sa place dans sa classe sociale, et les remises en cause morales et historiques viennent de Mr Cardinal et du Dr Meredith. Evidemment, Stevens gâche complètement sa vie, et il s’aperçoit - trop tard ?- que les vestiges des jours qui lui restent auprès de son employeur américain, devront faire la part belle au « badinage » qui rend les gens heureux…. Mais là encore, rien de spontané, de naturel pour lui, il ne s’agit que de « devoir social » pour atteindre l’unique but de sa vie : être un grand majordome.
  •  Francine, en lisant le livre a toujours eu devant les yeux les personnages du film réalisé magistralement par Ivory, et notamment le personnage de Stevens incarné par Antony Hopkins. Elle a évoqué des scènes inoubliables comme celle où Dupont, le délégué français se fait soigner les pieds ! (il s’ensuivit une discussion pour organiser une projection du film, proposition reçue avec enthousiasme par la docte assemblée). Francine nous dit avoir aussi été sensible au contexte historique, toujours présent au fil des pages, par exemple l’idée d’impréparation des Britanniques face à la débâcle de l’armée française, le souci de certains diplomates anglais de chercher des accords avec l’Allemagne ou la peur du bolchévisme.
  • Marie-Françoise a souligné le tour de force littéraire de l‘auteur qui nous plonge dans le XIXème siècle, sa transmission d’un univers et de valeurs dépassées. Elle a trouvé émouvants les cheminements du personnage qui fait le choix de ne pas être, de renoncer à sa liberté de penser pour exercer en toute fierté la fonction pour laquelle il a été éduqué.
  • Enfin pour Claudine M. le personnage n’est jamais sûr de lui, même s’il sait que sa vie se limite à sa fonction : faire ce qu’on attend de lui. Elle a trouvé qu’en dépit se son austérité, le personnage de Stevens était respectueux des gens qu’il rencontrait sur sa route. De plus l’auteur a su tout au long du voyage entrepris par Stevens ménager le suspense et susciter l’intérêt pour ce livre qu’elle a aimé lire.
  •  Projets : - la prochaine séance du club lecture se tiendra le lundi 20 septembre chez Claudine Marty - 2 livres sont proposés pour l’été : La guerre et la paix de Tolstoï. Il existe une version light aux Editions du Seuil, version que Tolstoï avait lui-même réalisée. L’élégance du hérisson de Muriel Barbery - l’idée que chaque lecteur fasse connaître un coup de cœur semble retenue….

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