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25 février 2015 3 25 /02 /février /2015 16:22

Nicole est la première à prendre la parole. Native du Périgord, elle est ravie que Robert Merle ait choisi cette région pour faire vivre ou survivre ses personnages, grâce à une écriture très visuelle, évènements et personnages se matérialisant comme si c’était un film. Son personnage masculin préféré est Thomas, jeune géologue un peu décalé par rapport aux autres. Nicole a aimé son esprit critique de scientifique. Son personnage féminin préféré est la Menou, pieds sur terre et œil à tout, courageuse aussi. Elle rappelle la scène émouvante de cette vieille femme, pleine de dignité, qui cache larmes et chagrin après le meurtre de Momo son fils.

Françoise D. a également apprécié ce livre. N’aimant guère la science fiction, elle craignait le pire, mais, heureux constat, ni robots, ni extra-terrestres, seulement quelques humains rescapés d’une catastrophe nucléaire. Elle a aimé que le récit d’Emmanuel, forcément subjectif, soit rééquilibré par les mises au point de Thomas. Quant aux rôles réservés aux femmes, c’est le degré zéro ! certes, il y a la Menou mais qui a largement dépassé l’âge canonique ! Dommage ! car ce parti-pris misogyne gâche un peu le plaisir de lire ce livre, par ailleurs intéressant.

Pour Maïté, on entre facilement dans cette fiction qui pourrait ne pas en être une et on se prend au jeu.

Maïté nous fait un bref rappel du contexte historique dans lequel s’inscrit Malevil. Guerre froide dans le maintien d’un équilibre dit « équilibre de la terreur » avec la bombe nucléaire, épée de Damoclès des années 70, crainte et début d’une réflexion verte avec la parution du n°1 de « La Gueule Ouverte »…Il n’y a que le féminisme dynamique de ces années-là qui ne semble guère avoir influencé R. Merle ! Et quel phallocrate son Emmanuel !

Malevil, selon Maïté, n’en reste pas moins un livre fort, très intéressant par l’analyse, par exemple, des pouvoirs : théocratie odieuse à la Roque, démocratie (certes contrôlée) à Malevil. Ce n’est donc pas une « robinsonnade » contrairement aux critiques qui ont pu être faites de ce livre via Internet.

Dommage que pour l’ensemble de son œuvre R.M. n’ait pas été perçu à sa juste valeur.

Marie-Françoise a abordé ce roman avec réticence, croyant avoir affaire à de la science-fiction ou à un Robinson Crusoë moderne. Puis elle a été agréablement surprise par ce qu’elle qualifie de roman d’aventure, grâce à la plume de R.M. fluide, riche, abordant les grands thèmes de notre civilisation : la religion (qu’il connaît mal), la place des femmes, la polygamie…C’est une introduction à de multiples débats , dans cette vie dite primitive, les relations humaines seraient-elles plus intenses si elles étaient libérées de la technique ? (thème d’actualité cf Houellebecq)

Bien qu’elle préfère des formes plus modernes de narration, Marie-Françoise est ravie de cette rencontre qu’elle n’aurait pas faite sans le groupe.

Noëlle nous démontre que le prénom d’Emmanuel n’a sûrement pas été choisi par hasard par R.M. Emmanuel, en ancien hébreu, signifie « Dieu est avec nous », c’est le nom, dans l’Ancien Testament, par lequel est désigné le messie à venir.

Cette concentration du pouvoir entre les mains d’une seule personne pose largement problème, analyse Noëlle, lorsque le chef charismatique ne peut plus assurer son rôle, sa succession est alors difficile, car la légitimité du pouvoir ne repose que sur lui. La tentation autoritaire se renforce. Ce roman fait également penser à « Sa Majesté les Mouches » de William Golding, qui retrace les problèmes de reconstitution d’une société à partir de rien et des dérives que l’on peut à nouveau rencontrer.

Claudine M. a éprouvé le même plaisir à relire ce livre que lors de la première lecture :Histoire à rebondissement multiples, légèreté, clarté, intérêt toujours renouvelé. Elle s’est attachée à en décrypter les aspects psychologiques et sociaux. Face à la multiplicité des sujets abordés, tout est à reconstruire et tout y passe : la religion, l’armée, la place des femmes, celle de l’homme, la mort, la justice, la mise en œuvre de la survie avec ses priorités. Il ne s’agit pas de reconstruire en partant de rien, chaque personnage du roman ayant sa propre histoire, ses propres convictions, ses défauts et ses qualités, tout cela remis en cause par les évènements (nécessité de tuer, polygamie…), les réflexions sont ouvertes et chacun y participe. Il faut à chaque fois déterminer le bien-fondé des règles sociétales à élaborer et en extrapoler les conséquences.

Intéressant : l’intervention des deux narrateurs dont l’un corrige ou atténue l’interprétation de l’autre met en valeur le côté aléatoire du filtre de perception des individus.

Françoise M. « je suis périgourdine et j’ai le même parler occitan que celui employé par les personnages, j’ai de ce fait éprouvé un réel plaisir à « écouter » ces mots et expressions de notre terroir. Cet aspect du livre m’a autant touchée, sinon plus, que l’histoire elle-même.

Le fait que certains personnages se réunissent afin de se confesser ou de recevoir la communion peut être interprété, selon moi, par le geste universel et intemporel de partager la nourriture, sans forcément de connotation religieuse. »

Sylvette partage l’essentiel de ce qui a été dit sur la richesse et la multiplicité des thèmes abordés, la personnalité autant charismatique qu’ambivalente d’Emmanuel. Elle a été frappée par sa mort (bête vue de notre siècle) et digne d’un chevalier ou d’un serf du Moyen-âge… Elle a redécouvert avec intérêt ce livre qu’elle avait lu lors de sa sortie et dont elle n’avait retenu que les aspects régionaux et géographiques.

A travers le « triste » sort fait aux femmes de l’histoire, elle déplore la misogynie, voire le machisme, de l’auteur et s’étonne que cela ne l’ait pas choquée et « fait sauter au plafond » il y a plus de quarante ans ! mais elle a dû oublier !

Juge également très intéressantes les mises au point régulières de Thomas dans le récit d’Emmanuel.

« Quant à moi, nous dit Monique, j’ai trouvé passionnant et le livre et la richesse des interventions qui ont fusé au cours de notre échange. Bien que l’ayant déjà lu, je me suis laissée emporter par la magie que dégage Malevil et le charisme qui émane d’Emmanuel.

Quel manipulateur que ce R.M., qui s’amuse à nos dépens (les femmes) par l’intermédiaire de son personnage. Mais j’avoue qu’il m’est arrivé de rire à ses caricatures, le soupçonnant d’être « gayment » provocateur ! »

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