Claudine M. l’a lu comme un roman addictif, nous plongeant dans un vieux quartier du Naples des années 50, avec la difficile cohabitation de ses habitants, précarité des uns, manque de scrupules des autres, liens avec la mafia, relationnel compliqué par des non-dits, des conventions d’un autre âge, une Eglise apparemment en retrait mais omniprésente et des fenêtres ouvertes sur les vies privées comme publiques. Naples apparait comme un sombre décor dont on ne s’échappe que rarement. Heureusement il y a la mer, à la fois proche et lointaine, apportant fraîcheur, pureté, rêve…encore faut-il y parvenir…
Les personnages sont très attachants, précise Léontine, et très nombreux aussi. Beaucoup de familles de gens simples, pauvres et travailleurs. Pour ne pas s’y perdre, ne pas hésiter à avoir recours aux arbres généalogiques en préambule du roman.
Elena et Lila sont les 2 personnages principaux que l’on suit de 5 à 17 ans dans le roman. L’éducation des enfants à l’époque était similaire à celle de la mienne, sévère et restrictive, mais c’est un plaisir de noter que, quelle que soit l’époque, les enfants sont toujours aptes à inventer et à rêver d’un monde imaginaire.
Et en effet, Françoise M. a été conquise par le pouvoir que possèdent les « petits » de transcender les réalités parfois bien sombres pour piocher des petits bonheurs, rire de tout et de rien, se disputer mais se retrouver ensemble. Au fond, ce sont ces gosses de banlieue qui testent la vie, avec ses joies et ses peines, regard merveilleusement tendre et bienveillant d’Elena Ferrante mettant en scène ces deux gamines différentes mais si proches qu’elles ne semblent parfois ne faire qu’un. Cette amie prodigieuse serait-elle imaginaire, sorte de double inventé par la narratrice ?
Cette idée de la puissance de l’amitié entre les deux filles, leur relationnel compliqué et souvent ambigu est reprise par plusieurs lectrices, notamment Francine, Noëlle, Marie-Françoise.
Francine qui insiste sur cette atmosphère d’optimisme général, propre à l’après-guerre, en dépit des difficultés rencontrées par tous ces gens décrits dans le livre, a particulièrement aimé la description du milieu scolaire vu comme promotion sociale. Elle nous dit avoir aimé le roman pour son sujet intéressant et original, nous dit aussi qu’elle l’a lu comme un excellent best-seller ou comme on regarderait une bonne série télévisée. A regretté un style sans grande valeur littéraire.
Noëlle, absente mais qui nous a transmis son commentaire, parle d’enfermement, des héroïnes et de ceux qui les entourent, dans leur quartier, dans une « sous »-culture, dans un langage (le patois), dans des mentalités brutales et primaires. L’accès aux études lui étant interdit, Lila se suicide intellectuellement en refusant toute lecture et en se mariant très jeune. L’amitié trouble parfois des deux adolescentes est bien rendue (cf la scène de la toilette de la mariée) ainsi que leur douleur lorsque la vie les éloigne l’une de l’autre.
Naples dans les années 50, deux petites filles liées par une forte amitié découvrent la vie et ses codes, la toute-puissance de l’homme à cette époque, la soumission de la femme, mais aussi les lois et règlements implacables, les sanctions parfois terribles. Le décor est planté, selon Marie-Françoise, aussi bien que dans un film. L’écriture, nous dit-elle, est fluide, puissante, et on a hâte de découvrir la suite dans les tomes à venir.
Monde aussi, ajoute Françoise D, de jalousie, sympathie, entraide, de sentiments parfois contradictoires typiques de l’adolescence.
Récit touchant de vérité très attachant sur l’enfance et l’adolescence dans ce quartier défavorisé de Naples et dans lequel, nous dit-elle, je retrouve un écho personnel, sauf les mafiosos, bien sûr !!!.
A noter les histoires que les petites inventent telles que l’épisode des poupées et Don Achille. Et vivement la suite !
Oui, observe Maïté, on retrouve dans cet après-guerre un peu de notre enfance. Il est intéressant toutefois de noter les différences entre cette Italie du Sud et la France, notamment pour la scolarité obligatoire et laïque chez nous depuis 1881, seulement après la guerre en Italie. Dans le roman, les parents de milieu modeste sont analphabètes et ne comprennent pas l’intérêt de faire des études, d’où les conflits avec les enfants et la maîtresse qui a le souci d’encourager les élèves doués comme Elena et Lila.
Rôle capital, renchérit Georges, des profs et des instits dans ces lieux déshérités, seuls certains d’entre eux peuvent se dresser contre la puissance d’une religion rétrograde, en faisant preuve de finesse et de subtilité sans prendre le contrepied des institutions dirigeantes. Les études ou un mariage précoce sont les seules possibilités s’offrant à ces deux jeunes filles dans ce quartier pauvre où règne une mafia plus suggérée que décrite, ce qui la rend encore plus présente et inquiétante.
Georges a aimé le livre, à l’écriture personnelle et originale. Deux bémols à noter : la « technique » de rappeler systématiquement la situation des personnages dans l’histoire et la manie de chapitres trop courts se terminant sur un évènement afin de nous inciter à poursuivre la lecture.
Sylvette qui a beaucoup aimé ce roman veut insister sur la qualité de l’amitié qui unit les deux filles, pas toujours douce, souvent cruelle, pleine de non-dits et d’incompréhension, typique de la difficulté des rapports humains. Une forme embryonnaire de féminisme apparaît à travers la volonté des enseignants à encourager les filles à faire des études, de même que l’engagement politique dans le personnage intéressant de Nino. J’ai lu le tome 2, vous n’êtes pas au bout de vos surprises !
Monique, elle, a tout lu ou presque. Elle a adoré l’Amie Prodigieuse, l’a proposé à la lecture du groupe et est ravie qu’il ait plu. Elles vous invitent, bien sûr, à lire la suite, le tome 2 « le Nouveau Nom » circule actuellement dans le groupe et les deux autres tomes sont à paraître.